Cet itinéraire démarre au Tour et n'emprunte donc pas la télécabine de Charamillon ni le télésiège des Autannes, appréciés des randonneurs et qui confèrent à cette balade un niveau franchement accessible si on court-circuite cette portion.
Elle est pourtant agréable, cette première montée, surtout au petit matin, "à la fraîche" lorsque le hameau du Tour, à l'ombre des sommets, dort encore. Le sentier en lacets grimpe face aux polis glaciaires et aux torrents émissaires. De l'autre côté, les Aiguilles Rouges se dévoilent progressivement puisque le soleil réchauffe ce massif avant nos corps endoloris.
À partir de Charamillon, le sentier bien tracé contourne la combe de Vormaine en passant sous le lac quasi asséché. Les nombreux petits cours d'eau et les zones humides font de cette portion un agréable moment ponctué d'arnicas ou de rhododendrons avant les cailloux de la Pointe de Bron et des Grands.
On découvre alors le glacier du Tour de plus en plus près après le bec de Picheu. Le chemin en balcon s'encaisse dans la roche, face aux séracs de la langue terminale du glacier. Pas de danger sur cette portion si ce n'est un passage équipé d'une main courante et la vigilance nécessaire sur ce chassé-croisé de randonneurs et des traileurs qui descendent.
On prend alors pied sur la moraine à 2484 m au sommet de laquelle trône le paquebot Albert 1er, un mastodonte de refuge rénové en 2014 par l'agence Haag & Baquet à Sallanches. L'ascension de cette moraine est la partie la plus difficile de cette randonnée. Le but est bien visible mais l'effort pour y parvenir reste important.
D'abord l'ancien refuge, une jolie hutte, puis l'imposant refuge avec sa terrasse panoramique et cette vue à couper le souffle sur l'immensité glaciaire. Si l'on fait quelques pas en arrière, on observe aisément les alpinistes équipés qui descendent d'une première ascension à l'Aiguille du Tour, "terrain de jeu" par excellence pour découvrir l'univers alpin qui démarre ici.